Interview d’Expert : Les conseils d’une recruteuse pour réussir vos entretiens

Emma Noguchi Devianne travaille pour le cabinet Mercuri Urval, en tant que «Human Capital Management Consultant», à Singapour.

Elle a accepté de vous partager son expérience et ses conseils, qui sont valables où que vous soyez dans le monde !


#1- Comment décrirais-tu les candidats français quand tu les rencontres ?

D’une façon générale, les candidats français ont plusieurs tendances. Certains sont trop sûrs d’eux (surtout les hommes) et déchiffrent mal leur nouvelle situation et le contexte local en matière d’emploi. D’autres, au contraire, se restreignent trop dans leur recherche de postes en se cantonnant à rechercher exactement les mêmes postes que dans leur passé ou en se limitant à leur poste idéal.

Dans les deux cas, ils sont déconnectés des besoins de l’entreprise, présentes ICI et MAINTENANT.

Il n’est pas rare non plus, que les Français surestiment la valeur de leurs diplômes, surtout s’ils viennent d’écoles très reconnues en France (tels que X, ENA, Sciences Po, HEC…). Les mettre en avant comme un atout de taille ne sert quasiment à rien. Le parcours et les expériences passées importent davantage que l’école ou le diplôme.

A contrario, d’autres candidats, plus souvent les femmes,  peuvent s’excuser voire dévaloriser leurs expériences. Ils passent trop de temps sur les faiblesses, ou sur ce qui « ne va pas » au lieu d’être positif, optimiste et de voir ce qui est possible – comme le font plus naturellement les anglo-saxons.

#2 – Quelles sont les erreurs généralement commises par les Français quand ils cherchent du travail ?

Quand je les rencontre, il n’est pas rare que les personnes ne soient pas suffisamment préparées, notamment à s’exprimer en anglais.

En entretien, ils ne sont pas suffisamment préparés à poser des questions spécifiques et adéquates sur le poste en question.

La préparation est très importante parce qu’elle permet de savoir mettre en avant ces atouts.

La rencontre avec un recruteur est comme un premier rendez-vous galant. Les deux personnes vont se jauger et se juger. Le recruteur cherche à «être séduit», le candidat a besoin de «séduire» et de se faire « apprécier/aimer».

Un(e) candidat(e) aura plus de chance de se voir offrir une opportunité si le recruteur l’aime bien (en terme de personnalité, de punch…) même si il / elle ne coche peut- être pas toutes les cases.

Alors qu’un candidat qui «coche toutes les cases» mais qui est sans charme en termes de personnalité, de dynamisme, aura moins de chance d’être «vendu» au client final (c’est-à-dire le futur employeur).

En manquant parfois d’humilité, d’écoute et en parlant trop d’eux-mêmes, beaucoup de candidats français passent à côté de l’entretien. Et dans ce genre de cas, mieux vaut être ouvert au feedback et à la critique (constructive bien sûr), même si l’ego est un peu blessé.

Certains candidats se présentent aussi souvent « trop à la cool » : dans un processus de recrutement, comme pour une rencontre dans un café avec un recruteur, un look professionnel – tailleur et chemise repassée –  est indispensable !

#3 – Quels conseils donnerais-tu à une femme française pour réussir sa recherche ?

En priorité, elle doit bien se connaitre, pour définir ses objectifs.

Ensuite elle devra maîtriser son pitch : savoir exprimer avec conviction d’où elle vient, les choix faits et ce qu’elle veut aujourd’hui est incontournable.

Elle devra aussi établir sa stratégie de recherche en clarifiant les activités à mettre en place pour arriver à ses fins. Je lui recommande fortement de chercher à recueillir les conseils de professionnels et d’amis sur place. Il lui faut multiplier les rencontres.

J’ajouterai aussi : elle doit avoir un état d’esprit de «célibataire», c’est-à-dire être indépendante et être créative pour trouver des solutions par elle-même.

L’erreur à ne pas commettre, c’est de rester passive : ne rien faire et espérer que les opportunités arrivent jusqu’à elles sans effort, ou bien s’attendre à ce que son mari, ses amis lui trouvent un boulot.

#3 bis – CV, lettre de motivation, photo : quelles sont tes opinions sur ces outils ? Ici à Singapour, il n’est pas rare d’entendre parler de CV de 5 pages, même pour des profils juniors…

Un CV de 5 pages c’est beaucoup trop long. Le CV doit faire maximum 2-3 pages.

La lettre de motivation, elle peut être importante si elle est bien préparée et bien écrite.

Pour la photo sur le CV et pour le profil LinkedIn, je recommande une photo prise dans un studio, pour une image professionnelle.